L’Ademe et l’Arcep livrent le 3e volet du rapport commandé par le gouvernement sur l’impact environnemental du numérique. Cette analyse prospective dresse quatre scénarios possibles, à horizon 2030 et 2050, en fonction des modèles de société adoptés : tendanciel (suivant les évolutions actuelles), l’écoconception modérée et l’écoconception généralisée – qui impliquent des améliorations des fabricants - et enfin la sobriété qui mise sur les comportements vertueux des utilisateurs. Focus sur les leviers d’action possibles.

L’Ademe et l’Arcep dressent des scénarios sur les futurs usages numériques

Près de 80 % de l’empreinte carbone du numérique provient aujourd'hui des équipements et dépend principalement des émissions du processus de fabrication. Un qui constat se fonde sur l’état des lieux de l’empreinte carbone du numérique en France en 2020 dont les conclusions ont été remises en janvier 2022 au Ministère de la Transition écologique et le Ministère de l’économie, des finances et de la relance. Le nombre total de terminaux a été estimé à près de 800 millions et chaque Français, en moyenne pour ses seuls usages numériques, génère environ 300 kilos de déchets par an.

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© Ademe - Arcep

En suivant ce scénario tendanciel, si l’on se projette en 2050, les appareils et leurs usages seraient donc largement responsables de la multiplication par trois des émissions de gaz à effet de serre. L’allongement de la durée de vie des produits constituerait le premier levier d’action pour infléchir cette croissance. Une action qui peut se traduire par la prolongation de la durée d’utilisation en réparant, en reconditionnant et en recyclant.

« Avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa (trop courte) vie. »

Vers plus de sobriété numérique

Dans le scénario le plus ambitieux dressé par les deux organisations, la sobriété tient un rôle central pour réduire la consommation générale des terminaux, de l’énergie qui les alimente (-52% par rapport à 2020) et des matières premières servant à les fabriquer (-30%). Intitulée « Génération frugale », cette projection encourage la diminution du nombre d’objets connectés et le changement des habitudes notamment en matière de flux vidéo. C’est la seule option qui entraîne une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 16%.

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© Ademe - Arcep

Choisir l’écoconception

Le principe de l’écoconception rejoint celui de l’allongement de la durée de vie des appareils : il est très difficile voire impossible de concevoir de nouveaux produits électroniques exclusivement à partir de matériaux recyclés. Mais il est possible, dès leur conception, de prévoir un bon niveau réparabilité, un cycle de vie prolongé et de meilleures performances énergétiques. Cette stratégie implique non seulement d’être attentif aux modes de production circulaires des biens mais aussi à l’optimisation des services et des flux de données qui leur sont associés.

« L’étude met également en évidence qu’un des enjeux environnementaux majeurs du numérique, outre son empreinte carbone, est la disponibilité et la dépendance aux métaux stratégiques et autres ressources utilisées pendant la phase de fabrication des terminaux »

Renouveler le parc de matériel

De nombreux équipements sont très gourmands en ressources et peuvent être remplacés par du matériel plus économe voire respectant les principes de l’écoconception. L’étude suggère, par exemple, de diminuer le recours aux grands écrans au profit des vidéoprojecteurs. Cela peut aussi passer par la diminution de la taille des écrans ou des ordinateurs qui reste directement corrélée à leur consommation d’énergie. Le scénario « Coopérations territoriales », qui vise à stabiliser l’empreinte numérique, repose également sur la mutualisation des équipements.

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