Surcharge de travail, perte de visibilité, manque de repères et de formation : pour les managers, la transition vers le travail hybride reste un sujet délicat, source de complications au quotidien.

Difficile aujourd’hui pour un manager d’échapper à la problématique du travail hybride. En septembre 2021, plus des deux tiers d’entre eux comptaient au moins une personne en télétravail régulier au sein de leur équipe, selon une étude publiée par l’Apec en janvier. Au quotidien, ils sont en première ligne dans l’organisation du travail à distance. Un nouveau rôle qui pèse lourd sur leurs épaules. Selon l’enquête réalisée par l’Apec auprès de 1 000 entreprises et 800 cadres du secteur privé*, 61 % des responsables interrogés considèrent aujourd’hui le management en mode hybride comme une source de difficultés. Et plus l’équipe est grande, plus l’exercice leur paraît délicat.

Gérer les différences de statut

Parmi les points noirs évoqués : le manque de visibilité sur le travail des collaborateurs (39 %), une perte de fluidité dans les échanges et un affaiblissement de la cohésion de groupe (36 %). Beaucoup d’entre eux doivent également faire face à des tensions et à des incompréhensions en raison des différences de statut : près d’un tiers des managers encadrent une équipe composée à la fois de télétravailleurs et de non-télétravailleurs.

Si dans leur grande majorité (91 %), ils se disent favorables au télétravail, un tiers souhaite toutefois en limiter la durée à deux jours par semaine. Et 69 % considèrent qu’il n’est pas adapté à tous les profils.

Perception des managers de l’impact du télétravail de leur équipe sur leur charge de travail. Source : Apec, 2021.

Pour la moitié des responsables hiérarchiques, la mise en place du télétravail se traduit par une intensification de leur charge de travail avec davantage de temps consacré à la coordination de l’activité, au suivi individuel, à l’animation d’équipe ou à la gestion administrative et RH. C’est particulièrement vrai dans les grandes entreprises où 62 % d’entre eux jugent importante la surcharge apportée par la gestion de ce mode d’organisation.

Le choix de l’autonomie

Dans la pratique, l’étude de l’Apec montre que les managers n’ont eu d’autre choix que de s’adapter à l’évolution des modes de travail. Pour 48 % d’entre eux, cet ajustement est passé par le choix d’accorder davantage d’autonomie à leurs collaborateurs. Ils ne sont finalement que 25 % à avoir renforcé le contrôle de l’activité de leur équipe avec davantage de reporting. Malgré l’injonction qui est leur faite de transformer leurs pratiques, rares sont encore les managers à bénéficier d’un accompagnement. Moins de 4 cadres sur 10 concernés par la problématique disent avoir été formés au management à distance. Et seuls 9 % des entreprises ont le projet de proposer de telles formations.

* Cette enquête comportait également une phase qualitative lors de laquelle 12 responsables des RH et 23 cadres managers ont été interrogés.

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