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Avez-vous déjà traîné au lit jusqu’aux ultimes minutes avant d’allumer votre PC pour télétravailler ? Ou bien profité que la webcam ne soit pas activée pour filer aux toilettes lors d’une visioconférence ? Si oui, il y a de fortes chances pour que vous connaissiez le « syndrome du confort à la maison ». Une étude menée par Poly, via Censuswide*, expose les bons et mauvais côtés, et même les terribles secrets engendrés par l’hybridation du travail. Loin des yeux…près de son ordinateur ! Chez lui, le salarié n’a pas le même environnement de travail que dans les bureaux de son employeur avec le regard de ses collaborateurs. Ce qui se passe derrière les écrans a donc parfois des allures de secret de polichinelle, plus ou moins bien gardé.

Un esprit sain dans un corps sain

Il y a d’abord les côtés positifs liés à l’autonomie. Les salariés organisent mieux leur agenda de travail selon leurs contraintes. Libérés de la contrainte des transports, les employés entretiennent leurs sommeil et savourent les grasses matinées. Pour 63 % des répondants de l’étude, le réveil sonne 30 minutes avant de commencer à travailler et uniquement 5 minutes avant pour 31 % des plus de 55 ans. Un phénomène que l’on associe également à la multiplication des solutions collaboratives, audio et vidéo de bonne qualité qui permettent une connexion rapide. Il y a aussi les tâches quotidiennes, ménagères et le sport. Lors d'une visioconférence, près du quart des interrogés fait de l’exercice (yoga, étirements, etc.), se coiffent ou appliquent un soin esthétique (24 %), cuisinent, font la vaisselle ou le ménage (28 %) ou alors s’occupent de leurs enfants (28%). Un signe que la frontière devient de plus en plus floue entre la vie professionnelle et vie privée.

Le travail pense, la paresse songe

Le changement soudain, imposé par les mesures sanitaires suite à la pandémie, a rendu précaire l’équilibre entre le bien-être et le professionnalisme. Le lieu de travail s’est déplacé chez soi, dans un environnement que l’on associe à des tâches personnelles : regarder en streaming sa série du moment, acheter en ligne une nouvelle paire de chaussures, remplir sa déclaration d’impôts… Sur les heures de travail, beaucoup de salariés oublient donc plus facilement où ils se trouvent et se laissent aller à surfer sur le web. Quelques chiffres de l’étude de Poly sont éloquents : 27 % des employés se sentent moins gênés de regarder des services de streaming vidéo, lorsqu’ils sont censés travailler, 38 % de faire des achats en ligne, 40 % de s’occuper de papiers administratifs. Le tout bien souvent avec l’ordinateur sur les genoux depuis leur canapé, bien plus confortable que de s’installer sur la table de la cuisine ou du salon. C’est le cas pour presque la moitié des répondants de l’étude. Seul hic, une mauvaise posture assise, comme celle d’être avachi dans un canapé plusieurs heures d’affilée, déconcentre et favorise même à terme l’apparition de problèmes de dos. Ce sujet de l’ergonomie, y compris à la maison, est un sujet qui commence à être pris très au sérieux par les entreprises. Certains collaborateurs n’ont pas de lieu dédié au travail, ni l’équipement et le mobilier adapté. Mal de dos, lombalgie, fatigue : les études se multiplient pour montrer que la sédentarité au travail a des effets négatifs sur la santé et la productivité. Sur une journée type de 24 heures, on passerait d’ailleurs en moyenne plus de la moitié sans bouger, dont le quart en restant assis.

Du côté obscur de la webcam

On ne compte plus sur internet les vidéos qui montrent les pires ratés de la visioconférence. Un collaborateur qui oublie de couper la caméra et le micro de son téléphone lorsqu’il va aux toilettes, un supérieur hiérarchique qui cadre mal sa vidéo, révélant son plus beau slip sous sa chemise et sa veste impeccablement repassées, une dispute de couple en direct…Personne n'est épargné ! Ces moments comiques mis à part, l’effet « télétravail » a aussi son côté obscur.

Comme leurs collègues ne les voient qu’à travers une webcam, le syndrome du confort à la maison a aussi amené certains employés à délaisser leur hygiène corporelle. Plusieurs font ainsi l’impasse sur la douche (33 %), d’autres (dont certainement une part des premiers) avouent délaisser le brossage de dents (33 %). Les plus honnêtes (41 %) confessent même avoir déjà travaillé en ayant la gueule de bois. Loin de distribuer les bons et les mauvais points aux collaborateurs, l’étude révèle les nouvelles préoccupations auxquelles sont confrontées les entreprises. La rapidité de mise en place de l’hybridation du travail pose de nouvelles questions aux DRH car la culture d’entreprise se transforme.

Un rapport du Parlement européen du 21 janvier 2021 sur l’impact de la crise chez les salariés et sur le télétravail, soulignait qu’un tiers des sondés (29%) déclaraient avoir du mal à se déconnecter après leur journée de travail. Un enjeu qui devient sanitaire quand le télétravail pèse sur la santé mentale des actifs. De manière générale ces enjeux autour de la QVT (Qualité de vie au travail) s’accompagnent aujourd’hui des réflexions sur l’organisation, l’équipement mobilier et informatique des espaces de travail.

* étude réalisée par Censuswide en août 2021 auprès de 4006 employés hybrides : 2003 au Royaume-Uni, 1001 en France et 1002 en Allemagne.