Sur Arte, le fabuleux monde de l’entreprise passé au scanner du burn-out
Interrompre le travail le plus souvent possible. Organiser des réunions alors qu’il y a des tâches plus importantes à effectuer. Multiplier la paperasse. Réunir un comité pour acter des décisions. Faire des exposés et aborder des questions sans intérêt. Faire valider la moindre chose par trois personnes, là où une seule suffirait… Ces six principes, qui pourraient jalonner une journée de bureau ordinaire, sont en réalité des techniques issues d’un manuel de sabotage datant de la Seconde guerre mondiale. Distribué par les américains aux résistants de l’Europe occupée, il avait pour but de paralyser la machine de guerre ennemie en touchant son organisation interne. « Comment en est-on arrivé là ? » questionne la voix off du documentaire finlandais.
Derrière le fil rouge de témoignages d’employés de bureau ayant vécu un burn-out, le réalisateur s’intéresse aux dysfonctionnements qui rongent le monde de l’entreprise. Agrémenté des pensées de l’anthropologue David Graeber (auteur de Bullshit Jobs), de la chercheuse en psychologie Christina Maslach (Maslach Burnout Inventory) et de l’auteur André Spicer (Business bullshit), le film questionne les travers du travail de bureau, une activité pourtant à peine centenaire à l’échelle de l’humanité. PDG de Nokia, managers, salariés interchangeables, stress… derrière des récits individuels touchants et une mise en scène qui fait sourire (des bébés dans des box d’open space en tenue de travail !), John Webster livre une réflexion intéressante sur les rouages de la machine travail.