Sarah Proust, spécialiste des transformations dans les organisations et fondatrice du cabinet Selkis, a publié avec la Fondation Jean Jaurès et la Fondation Friedrich-Ebert une étude sur la pratique du travail hybride des Européens. L'organisation du travail de six pays de l'Union Européenne (France, Allemagne, Espagne, Finlande, Pologne, Suède) a été analysée. Focus sur ses principaux enseignements en chiffres et infographies.

Travail hybride : un modèle européen d'organisation du travail émerge

73 %

des Européens veulent travailler dans un bureau au moins la moitié du temps tandis que seulement 20 % souhaitent uniquement télétravailler. Des proportions plutôt homogènes entre les pays qui permettent de souligner l'émergence d'un modèle européen de l'organisation du travail.

Commentaire de Sarah Proust dans l'étude : « Le télétravail semble moins être une fuite du bureau que le souhait de travailler à domicile. En effet, ce que nous constatons dans nos entretiens qualitatifs est confirmé par cette enquête, à cette heure, les salariés européens, ne semblent pas massivement attirés par les tiers-lieux, espaces de coworking, etc. »

43 %

des Français continuent à travailler dans un bureau individuel contre 38 % dans toute l'Europe, tandis que 37 % ont l'habitude d'utiliser un bureau partagé.

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© Fondation Jean Jaurès
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© Fondation Jean Jaurès

6 %

des salariés de l'Hexagone fonctionnent en flex office. Reflétant les réticences et des débats sur l'adoption des modes de travail en flex office, il est intéressant de noter que ce chiffre reste en dessous du taux des pays nordiques qui le préfère au bureau partagé (respectivement 28 et 24 % pour la Suède et la Finlande).

Sarah Proust : « En France comme dans les autres pays européens, le système d’organisation en flex office impliquant que l’on ne sache pas en arrivant au bureau où l’on pourra travailler existe, mais le plus souvent c’est un flex office régulé qui se développe, c’est-à-dire un principe d’organisation qui permet aux salariés de travailler toujours au sein de leur équipe, grâce à des salles de réunion, des applications de réservation, etc. »

71 % 

des espaces de travail ont été modifiés durablement par la pandémie en Europe. La France affiche un taux légèrement plus bas que la moyenne européenne avec 67 %. 

Sarah Proust : « Il n’y aurait pas une forme majoritaire dans les évolutions d’organisation, mais une variété de type d’espaces pour accueillir différentes modalités de travail. On assisterait à une forme de spatialisation des tâches au sein du lieu central du travail »

Deux tiers

des sondés pensent que les fonctions télétravaillables sont aussi importantes que les fonctions des postes en présentiel, mais 25 % estiment qu’elles sont moins importantes.

75 %

du panel européen considère que le télétravail est une avancée sociale. Plus les salariés sont dans une entreprise où le télétravail est régulier - en France il est davantage pratiqué dans les grandes entreprises (80 %) que dans les PME (74 %) - plus ils le considèrent comme une avancée sociale.

Sarah Proust : « Les sujets de socialisation sont très fréquemment évoqués, ce que nous constatons dans tous nos entretiens qualitatifs. À part en Suède, les sujets de socialisation, et plus précisément le fait d’avoir moins de vie sociale en général, sont cités par tous les salariés dans les trois premières conséquences négatives du télétravail. Ceci rejoint l’idée selon laquelle sa pratique est une individualisation du travail. »

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Les règles du télétravail en Europe

En 2002, un accord-cadre européen a été signé par les partenaires sociaux européens, la Confédération européenne des syndicats (CES), l'Unice (patronat) et le CEEP (entreprises publiques). Le texte prévoyait notamment que les télétravailleurs bénéficient de droits équivalents à ceux des autres salariés dans le domaine de la santé et de la sécurité, de l'organisation du travail, du respect de la vie privée, de la formation et des droits collectifs. Cet accord non contraignant, laissait les États membres légiférer sur ses modalités pratiques. Il est intéressant de noter qu’il y a 20 ans, l’enjeu de l’accord-cadre était de protéger les télétravailleurs face au développement des nouvelles technologies, quand aujourd’hui le télétravail est davantage considéré comme un droit au bénéfice des salariés. Au regard des cas et des alertes données sur les dangers de l'hyperconnexion, le 21 janvier 2021, le Parlement européen a adopté une résolution visant à protéger et reconnaître le droit à la déconnexion.

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