Le tout télétravail, chef de file des expérimentations du travail en distanciel, met en évidence les points saillants sur lesquels les entreprises doivent être vigilantes, avec, en première ligne les conditions et le poste de travail du salarié. Retour d'expérience d'Elliott Boucher, cofondateur et dirigeant d’Edusign.

 
 
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Edusign est une solution qui propose une plateforme d’émargement de présence lancée en 2020… au moment où surviennent les premiers confinements en raison de la crise sanitaire ! Pour ajouter à l’ironie du sort, vous avez toujours voulu un fonctionnement sans locaux en full remote : pourquoi ?

Je ne crois pas au fonctionnement asynchrone pour les petites entreprises. Surtout lorsqu’on sait que les problèmes de communication interne sont les sources de frustration les plus répandues dans les entreprises. De mon point de vue, venir au bureau pour faire une visio n’a aucun sens. Pas plus qu’être à distance alors que tout le monde est au bureau : des choses se passent, il y a une perte d’information importante.

Les politiques de télétravail dépendent en réalité d’un grand nombre de facteurs, aussi bien du type d’activité et de la taille, que du stade de développement de l’entreprise. Edusign est une petite entreprise qui a besoin d’innover et d’avancer vite, nous avons fait ce choix car nous avons besoin de personnes très indépendantes, autonomes et efficaces peu importe où ils se trouvent. Aujourd’hui je suis à Sofia en Bulgarie, demain je serai peut-être en Italie en train de faire du surf après avoir terminé une réunion ! L’organisation totalement à distance résulte de notre volonté de mieux concilier notre vie professionnelle et personnelle.

Plus qu’un équilibre, cela ressemble davantage à un choix de vie…

Le full remote fonctionne effectivement pour les personnes qui adhèrent complètement à ce mode de vie et dont le métier le permet. Mais il faut faire attention, c’est une idée qui peut séduire des personnes qui ne sont pas compatibles avec cet état d’esprit indépendant et ce fonctionnement si particulier. Hormis deux team ­buildings par an, la culture d’entreprise est plus faible chez nous que dans une organisation classique. Impossible de se retrouver au bureau ni de se rendre au bar le soir avec ses collègues par exemple.

Comment se passent vos échanges au quotidien ?

Encore une fois le contexte est extrêmement important pour comprendre notre environnement de travail. Nous sommes une jeune pousse qui évolue avec des équipes assez jeunes et technophiles. Pour recréer cette ambiance de bureau, nous utilisons Slack et Gathertown, une solution qui permet de se regrouper et d’interagir dans un bureau virtuel. Quand les personnes sont disponibles ou indisponibles elles affichent leur statut qui leur évite d’être dérangées. Au bureau vous n’avez pas d’indicateur rouge dans le dos qui indique que vous êtes occupé. Vous êtes plus facilement dérangé ou distrait qu’en distanciel. Et pourtant, paradoxalement nous encourageons presque nos employés à se déranger pour favoriser les interactions.

Tout un pan de communication et de transmission informelle de connaissances entre les personnes est complètement absent. Le côté artificiel de ces relations ne constitue-t-il pas un risque pour l’intégration du salarié ?

Bien sûr, il faut y faire très attention dès l’arrivée d’un collaborateur dans l’entreprise. On fournit de la documentation, on prend soin de lui faire connaître tous les postes, en proposant des demi-journées avec d’autres personnes pour comprendre le produit et donner du sens à son travail. Nous incitons également les managers à être vigilants sur le confort des conditions de travail et à interroger régulièrement l’équipement, les logiciels à disposition, les potentiels facteurs de distraction ou encore la nécessité pour un salarié de se rendre plus régulièrement dans un espace de coworking.

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