Surfant sur la popularité croissante du multi-écran, l’écran secondaire devient portable et se fait de plus en plus compact. Système d’affichage de pointe, connexion sans-fil, autonomie et compatibilité visioconférence… les fabricants rivalisent d’idées pour en faire l’allié idéal du travail en mobilité.

Un homme brun, la trentaine, rasé de près, chemise en jean ouverte sur un simple t-shirt bleu ciel, chausse ses lunettes en sirotant un café - que l’on imagine à la parfaite température. D’un signe de tête il salue un avatar virtuel, qui passe à côté de sa table de salon, tandis que se matérialise sous ses yeux une mosaïque d’écrans pour travailler. Il ne s’agit pas d’une scène issue d’un film de science-fiction comme Minority Report ni d’une série type Black Mirror, mais bien de l’avenir du travail hybride, à la sauce Meta, présenté en vidéo le 28 octobre 2021 par son PDG Mark Zuckerberg. Hologrammes, lunettes connectées, projections tactiles, pour esquisser le fantasme du bureau immatériel, la configuration multi-écran a toujours été populaire, tant chez les différents auteurs ou réalisateurs de science-fiction, que chez les géants de la tech en quête d’innovation permanente. Pour l’heure, ces technologies restent très coûteuses et il faudra certainement attendre avant de les voir ravir la place aux écrans physiques dans les espaces de travail. Mais pourquoi les écrans secondaires ont-ils autant la cote ?

Le double écran : un atout efficacité

Premier atout indiscutable : la productivité. Le recours à un deuxième écran participe du confort visuel du salarié dans un contexte de multiplication des outils numériques. Révolus les savants calculs pour redimensionner les fenêtres (PDF, boîte mail, tableur, messagerie d’équipe, navigateur, etc.) et les intercaler les unes à côté des autres pour recouper des informations. La configuration en double-écran représente le principal avantage pour gagner du temps et de la lisibilité. Plusieurs études, dont l’une menée par l’équipe de Janet Colvin dans l’université américaine de l’Utah en 2008, soulignent que l’intérêt d’un second écran s’observe à condition que la personne passe plus de 20 % de son temps à recueillir des informations provenant de plusieurs sources. Un phénomène qui s’est sans aucun doute accentué depuis la date de l’étude avec l’explosion du numérique et la diminution du prix de ces matériels. Ce qui abaisse considérablement ce seuil en dessous de 20 % et légitime l’argument productivité.

L’avènement des écrans portables

En raison de la mobilité croissante des collaborateurs, le moniteur a cependant opéré une mue. À côté du traditionnel écran, un peu encombrant, branché sur secteur, fixé sur pied ou bras articulé et qui se connecte via une prise HDMI, se déclinent aujourd’hui des versions plus compactes et portables. Les principaux vecteurs de ses évolutions techniques se concentrent autour de trois points : l’alimentation, la connectique et la technologie d’affichage. Ce sont essentiellement ces critères qui permettent aujourd’hui de distinguer trois types et niveaux de matériel. Tout d’abord les écrans portables qui servent d’affichage secondaire classique. Dotés de connexions HDMI ou USB pour brancher un ordinateur, ils peuvent fonctionner grâce à une batterie intégrée et se rechargent comme n’importe quel appareil via une prise sur secteur. Ensuite, les moniteurs mobiles multifonctionnels. Formes évoluées des précédents, ils ressemblent davantage à des tablettes. En plus d’une alimentation sur batterie et d’une connectique HDMI, USB, (voire USB-C pour smartphones) la dalle est tactile et intègre des haut-parleurs à puissance variable.

Sélection

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d'une pierre deux coups

Pensée comme une fine glissière robuste, à attacher au dos d’un ordinateur portable, que l’on connecte à l’aide d’un unique câble USB-A ou USB-C, la Slide de Portabl permet de déployer deux écrans full-HD IPS coulissant de part et d’autre du moniteur central. Solution unique sur le marché, cet appareil, avec écrans amovibles, se plie en configuration triangle pour des présentations informelles.

portabl.com

 

 

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l'écran tout terrain

Fin (9 mm) et léger (0,9 kg), le Asus ZenScreen Touch est un moniteur portable aux allures de tablette tactile. Sa dalle IPS à 10 points de contact reconnaît les gestes de défilement, zoom, balayage. Les connexions USB-C et micro HDMI, couplées à la batterie intégrée, sont compatibles avec smartphones, PC, tablettes, caméras, pour une duplication jusqu’à 4 heures de suite. Son étui pliable sert de support en mode portrait ou paysage.

asus.com

 

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100% collaboratif

Pensé à l’origine par Lenovo, il y a quelques années, pour être un téléphone sur IP, le ThinkSmart View s’est affranchi du combiné pendant la phase de conception pour devenir un appareil tactile autonome (écran IPS) à brancher sur une prise. Dédié à la collaboration, il permet de lancer ou d’accepter une réunion Teams d’un simple effleurement du doigt, indépendamment de la tâche effectuée sur l’ordinateur. Le Bluetooth et le wifi, associés aux micros et haut-parleurs intégrés, constituent un atout indéniable autant en télétravail qu’au bureau.

lenovo.com

 

 

À l’heure du bureau fragmenté, le salarié est de plus en plus amené à se déplacer d’un lieu à un autre et à travailler en mobilité. Pour ces deux types de modèles, les différents constructeurs se concentrent sur la façon d’apporter le confort de la configuration double écran, peu importe l’endroit. Le principal argument des modèles E14 G4 de HP ou le PM1 de Acer repose ainsi sur la recharge des périphériques par USB. Les ports des ordinateurs modernes permettent en effet de délivrer suffisamment de courant pour alimenter un écran secondaire sans avoir besoin de le brancher sur secteur. Les modèles plus haut de gamme, le ZenScreen de Asus ou encore le 16T2 d’AOC, intègrent quant à eux une batterie, offrant plusieurs heures d’autonomie, qui alimente la dalle tactile.

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© Meta
Le 28 octobre 2021, Mark Zuckerberg dévoile ses projets de métavers avec notamment une composante travail à distance.

Éviter des pixels au rabais

Montrer un tableau de chiffres, faire défiler des diapos, comparer deux photos… pour ces deux types d’appareils, l’enjeu est également de permettre la collaboration informelle. Les concepteurs des écrans secondaires mettent l’accent sur les possibilités liées à l’affichage. Si la fonctionnalité de basculement du mode paysage au mode portrait semble la norme, la différence se joue davantage sur la technologie utilisée pour la conception des écrans. Un point important puisqu’elle conditionne une grande partie du confort d’utilisation d’un appareil. OLED, LCD et IPS, sont les trois acronymes que l’on retrouve le plus souvent pour ce type de matériel. Quelle différence entre eux ? Pour les écrans OLED et LCD, il s’agit de la source de lumière. En quelques mots, les cristaux liquides équipent les écrans LCD tandis que, pour les écrans type OLED, les cristaux liquides sont remplacés par des diodes électroluminescentes organiques. L’OLED s’affranchit ainsi du rétroéclairage puisque ses matériaux produisent leur propre lumière, à la différence du LCD qui en a besoin. Une caractéristique qui offre davantage de performances sur le contraste, le rendu des couleurs, la fluidité et les angles de vision, mais qui vient aussi gonfler le prix. La meilleure alternative à cette technologie assez récente reste la version IPS des écrans LCD. Elle équipe aujourd’hui la majorité de nos smartphones en raison de l’amplitude de l’angle de vision qu’elle permet, jusqu’à environ 180°. Un argument que mettent en avant les fabricants lorsqu’il s’agit de collaborer et de montrer le contenu d’un écran à plusieurs personnes en même temps.

« Le Think smart View de Lenovo a été conçu pour les espaces personnels et complète le poste de travail. » Fabien Prince, responsable des vente chez Lenovo.

Nouvelle génération d’écrans

Troisième et dernière catégorie de matériel qui a vu le jour avec la pandémie : les appareils dits stand-alone, qui fonctionnent soit sur secteur soit sur batterie. Complètement autonomes et indépendants de tout raccordement à un ordinateur, leur connexion s’opère par le cloud, le wifi ou le Bluetooth. Potentiellement reliées à un environnement de travail plus étendu, ces solutions disposent d’une webcam et sont conçues pour les appels vidéos. « Le Think Smart View de Lenovo a été pensé pour les espaces personnels (en télétravail, bureau fermé ou phone box) et complète le poste de travail. C’est un produit à mi-chemin entre un équipement de salle de conférence et l’ordinateur qui ne fait qu’une seule chose : collaborer et participer à des visioconférences Teams ou Zoom », explique Fabien Prince, responsable des ventes chez Lenovo. Un type de matériel que l’on retrouve aujourd’hui en haut de gamme chez Cisco avec le Webex Desk Mini, qui intègre en plus une enceinte de qualité et des fonctionnalités de partage de document et tableau blanc. Du côté de Meta (ex-Facebook), la route est encore longue pour les écrans dématérialisés. Pour l’heure, le géant américain s’est cantonné à la sortie en septembre 2021 du PortalGo, un écran connecté portable pour séduire les adeptes du travail en mobilité.

 

 

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