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À l’occasion de la publication d’une étude sur la pause alimentaire au travail, commandée à OpinionWay, la marque Innocent a réuni mardi 20 septembre quelques experts pour commenter les résultats.

Dans l’ombre de l’incontournable pause-café au travail, la pause alimentaire fait également figure de tradition dans le quotidien des Français. « En moyenne dans notre pays, nous passons tout de même près 2 h 20 par jour à manger* », observe Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste. Et pas seulement sur les heures traditionnelles des repas ! Un carré de chocolat, une viennoiserie pour accompagner le café matinal, une pomme pour éviter le petit creux avant le prochain repas… pour environ sept français sur dix, casser la croûte au travail en dehors des heures du déjeuner est une habitude fréquente.

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Loin d’apparaître comme des gloutons en puissance, il semble que ce goût pour la collation soit en réalité un réflexe naturel à faire des pauses. Des moments de respiration dans la journée qui sont essentiels au bon fonctionnement de notre cerveau. « Jusqu’au début des années 2000, les scientifiques ont restreint leurs études à l’activité du cerveau lorsqu’il effectue des tâches. Or, l’analyse de l’activité cérébrale pendant que l’esprit vagabonde a depuis montré que cet organe travaille en réalité beaucoup plus pendant ce temps, explique Sylvie Chokron, neuropsychologue et directrice de recherches au CNRS. Pendant la pause, cette pensée non contrainte favorise la créativité, stimule la mémoire et encourage la sociabilité. » L’enquête menée par OpinionWay pour Innocent souligne à ce titre les bénéfices de la pause alimentaire. Selon les répondants, elle permet de relâcher la pression de la journée (64 %**), de prendre l’air (53 %), de rendre visite à d’autres collègues (33 %) ou de s’occuper de ses affaires personnelles (29 %).

« Pendant la pause, cette pensée non contrainte favorise la créativité, stimule la mémoire et encourage la sociabilité », Sylvie Chokron, neuropsychologue.

* Selon l’OCDE, la France occupe la première place (2 h 13) du temps passé à manger et boire par jour devant l’Italie et l’Espagne (2 h 07 et 2 h 06). En comparaison les États-Unis passent en moyenne 1 h 02 à table.

** Les sondés pouvaient choisir plusieurs réponses : le total est donc supérieur à 100 %.

L’effet télétravail

Éléonore Quarré, directrice d’étude chez OpinionWay, constate cependant que la crise sanitaire a eu une incidence sur les habitudes alimentaires des actifs : « 37 % des Français reconnaissent faire davantage de pauses alimentaires lorsqu’ils sont en télétravail ». Un élément positif a priori - pour stimuler la plasticité cérébrale - mais qui a également son lot de dangers. « Manger seul a pesé sur le moral des salariés mais aussi sur leur façon de se nourrir : certains ont développé des troubles alimentaires se sont mis à manger à n’importe quelle heure et n’importe où, d’autres se sont mis à manger trop sucré, à se restreindre drastiquement lors du retour au bureau etc », explique Arnaud Cocaul, confronté à ces difficultés avec ses patients. .

« Manger seul a pesé sur le moral des salariés mais aussi sur leur façon de se nourrir » Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste.

Autre phénomène accentué par le télétravail : l’effet multitâche pendant la collation et les repas. « L’alimentation devient de plus en plus annexe. Elle est perturbée par plusieurs distracteurs d’attention (consulter ses mails, regarder la télé, réseaux sociaux et internet, etc), alerte le nutritionniste. Vous aurez tendance à sous évaluer votre ration alimentaire. Vous penserez par exemple avoir mangé deux madeleines alors qu’en réalité vous en aurez mangé quatre. »

Allier plaisir et productivité

Pour Sylvie Chokron, il est ainsi essentiel de renouer avec le plaisir de faire une pause et de prendre le temps de la faire. « Le plaisir passe par l’activation neuronale du circuit de la récompense – donc la production de dopamine et sérotonine – ce qui est plus difficile à provoquer au travail sans pause ». Une envie qui pousse souvent à consommer sucré, en priorité des carrés ou des barres au chocolat, des bonbons ou gâteaux (36 %), des viennoiseries (31 %) et des fruits qu’ils soient secs, frais ou en compote (31 %). « Le glucose est l’aliment par excellence du cerveau. Au-delà du plaisir de l’interaction sociale, la gourmandise joue un rôle important dans cette envie de faire des pauses. Les smoothies, par exemple, répondent à la notion de plaisir (goût, couleurs attractives), voire ont un effet déculpabilisant (moins caloriques qu’un gâteau, sans sucres ajoutés, fibres) », poursuit la neuropsychologue.

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Soucieuses du bien-être de leurs salariés, les entreprises ont compris qu’elles avaient un rôle à jouer pour favoriser ses respirations dans le temps de travail. Les spécialistes s’accordent sur ce point : le lieu du repas est important. L’aménagement des espaces de bureau peut donc contribuer à faire de ces pauses des moments bénéfiques pour l’individu, tout en servant la productivité ; en créant des lieux de sociabilité, des cuisines aménagées, des tisaneries etc. Les offres de services de cafétéria 2.0, avec des paniers de fruits et de boissons livrés représentent également une option intéressante. En France, selon OpinionWay, 14 % des salariés expliquent principalement faire une pause pour être plus productif. Reste à éviter de manger ces trois satanées madeleines de trop… un défi plus difficile à relever !