Télétravail et imprimante à réservoir : la combinaison gagnante

En ce qu’elles permettent une plus grande transparence des coûts et une gestion optimisée des fournitures, les imprimantes équipées de réservoirs d’encre voient leurs ventes exploser depuis le début de la crise sanitaire et la banalisation du télétravail. La disparition des cartouches au profit des bouteilles d’encre leur confère par ailleurs un avantage indéniable sur le plan écologique.

La généralisation depuis deux ans du télétravail, conséquence directe de la pandémie de Covid-19, a modifié durablement les besoins et les habitudes des entreprises en matière d’impression. Les imprimantes à réservoir d’encre, plus économiques et plus simples en termes de gestion des consommables, en bénéficient : à la fin 2021, le segment CISS (pour Continuous ink supply system, ou imprimantes avec réservoir en français) représentait ainsi 6,5 % en volume et 17,7 % en valeur du marché hexagonal incluant les imprimantes monofonctions (SFP) et multifonctions (MFP) jet d’encre, soit environ 151 000 pièces sur les 2,3 millions qui se sont écoulées dans l’année. Surtout, il a enregistré une croissance de + 15 % en volume et + 26 % en valeur en 2021 par rapport à 2020 dans un marché qui, dans son ensemble sur la même période, était une nouvelle fois orienté à la baisse – tendance déjà structurelle depuis plusieurs années.

Une technologie taillée pour le travail hybride

L’engouement récent pour les imprimantes avec réservoir doit beaucoup à l’explosion du modèle de travail hybride, caractérisé par un temps de travail partagé entre les bureaux de l’entreprise et différents tiers lieux (domicile, mais aussi espaces de coworking, transports…). Une tendance qui s’annonce durable : dans une étude de janvier 2022 réalisée pour Epson, IDC estime qu’en 2025, le nombre moyen de personnes présentes dans les bureaux en Europe sera inférieur de 30 % par rapport à 2019. La « nouvelle normalité » que représente le travail hybride est lourde de conséquences. Elle se traduit par une augmentation de la demande en imprimantes de petite taille, économiques et dotées de réservoirs.

Mais pour dynamique qu’elle soit, la technologie « Ink tank » n’est pas neuve. Dès le début des années 2010, Epson est arrivé avec ses premiers modèles d’imprimantes équipées de systèmes de réservoir. Aujourd’hui encore, la marque est leader du segment avec une part de marché estimée à 80 % en France, où elle a été rejointe plus récemment par Canon et HP. « Après des années de concurrence très dure sur le marché grand public, nous étions arrivés à la situation ridicule où le prix de l’imprimante était parfois le même que celui d’un jeu de cartouches, contextualise Thierry Bagnaschino, directeur marketing France d’Epson. Pour donner plus de choix au consommateur, nous avons mis en place un système d’imprimantes à réservoir, plus cher à l’achat, mais qui ne coûte presque rien à l’usage. » Déjà perçu par les entreprises, l’intérêt des imprimantes avec réservoir est devenu évident au début de la crise sanitaire : les confinements successifs ont été des périodes de rééquipement massif en matériel d’impression par les salariés à leur domicile, qui ont parfois bénéficié du financement ou de l’aide au financement de leur entreprise.

Une gestion simplifiée

Ces achats d’urgence, souvent réalisés sans contrôle et portant la plupart du temps sur des modèles d’imprimantes classiques à cartouches, ont très vite entraîné des problèmes inédits de maintenance et d’approvisionnement en consommables. Les entreprises, habituées à gérer leurs parcs d’impression sur site, ont compris qu’elles devaient rationaliser l’équipement de leurs salariés en télétravail. À ce titre, les machines adaptées au travail hybride, capables d’absorber des volumes élevés d’impression pour un coût réduit à la page et une simplicité de gestion au quotidien remportent tous les suffrages. Là où une imprimante classique requiert de changer les cartouches après un nombre restreint d’impressions, une imprimante pourvue de réservoirs affiche une capacité de plusieurs milliers de pages avant d’avoir besoin d’être rechargée.

Les entreprises y gagnent de l’argent, mais aussi du temps : « Une imprimante avec réservoir permet d’éviter la récurrence des notes de frais liées au réapprovisionnement en cartouches. C’est la garantie d’avoir le consommable tout de suite et sur une durée importante », signale Loys de la Peschardière, en charge des produits HBS et CISS chez HP. Le fabricant, qui prévoit par ailleurs des systèmes de souscription pour satisfaire des besoins en encre plus récurrents, couvre également les besoins professionnels en entreprise avec sa gamme Neverstop sans cartouche, avec toner rechargeable. « Il existe différentes formes de télétravail, ajoute Loys de la Peschardière. Cela va du professionnel qui combine son activité avec des besoins d’impression plus personnels requérant la couleur, au professionnel qui n’imprime chez lui que pour les tâches administratives et n’a besoin que de noir et blanc. Nos imprimantes Smart Tank répondent à un besoin hybride, sur des usages professionnels et particuliers, tandis que Neverstop s’oriente principalement vers un besoin professionnel en noir et blanc où la vitesse d’impression est clé. »

 

Des arguments écologiques

Et si elle libère de la problématique du consommable, la technologie du réservoir séduit aussi pour sa dimension écologique : non seulement les cartouches et têtes d’impression n’ont plus besoin d’être changées, ce qui permet au prix de revient de chuter à partir d’un certain volume d’impression, mais surtout la gestion des déchets et du recyclage est simplifiée, collant ainsi aux aspirations nouvelles de la société. « 85 % des consommateurs pensent que les marques doivent être plus responsables envers l’environnement », rappelle Sébastien Corlouer, responsable marketing produit chez Canon, sur la base d’une enquête menée par la marque.

Dans ce contexte porteur, les fabricants d’imprimantes continuent d’étoffer leur gamme. « Le marché s’oriente vers des produits plus polyvalents et plus professionnels », explique Agathe Gendreau, chef de marché impression grand public chez Canon. En début d’année, le japonais a élargi son offre avec une nouvelle référence GX5050 dans sa gamme d’imprimantes multifonction jet d’encre Maxify Megatank. Arrivé sur le segment du réservoir d’encre en avril 2021, Canon propose cette fois avec la GX5050 un modèle compact pensé spécifiquement pour les petits espaces chez les particuliers ou dans les PME, capable d’imprimer jusqu’à 21 000 pages avec un seul jeu de bouteilles d’encres pigmentées.

De son côté Epson, qui s’est offert les services d’Usain Bolt comme ambassadeur, voit son offre ReadyPrint d’abonnement pour les modèles EcoTank progresser régulièrement. « L’abonnement permet d’effacer une partie du coût d’achat, car nous mettons l’imprimante à disposition à partir d’un versement initial de 79,99 euros », détaille Thierry Bagnaschino. De la même manière, HP commercialise ses imprimantes Smart Tank et voit ses ventes progresser. Il est aussi à noter que Brother dispose d’une offre Ink Tank Series, mais celle-ci n’est pas (encore ?) commercialisée en France. Contactée, la marque n’a pas donné plus de précisions.

L’impression professionnelle en ligne de mire

Tous les voyants sont donc au vert. Selon l’enquête IDC, 13 % des télétravailleurs à domicile achètent déjà des fournitures d’impression via des modèles commerciaux d’abonnement. D’ici 2024, 60 % des entreprises devraient adopter un modèle basé sur un abonnement pour les services d’impression et en lien avec l’impression afin de répondre aux besoins de la main-d’œuvre hybride, anticipe également IDC dans son étude.

Évidemment, la montée en puissance des imprimantes avec réservoir se traduit par un changement de paradigme. Plus économiques à l’usage, ces machines affichent aussi un prix d’achat sensiblement plus élevé que celui de leurs équivalentes à cartouches : dans cette configuration, la vente des consommables ne représente qu’une part marginale du chiffre d’affaires. « Dans la mesure où la marge est réalisée à partir du coût total de possession, lequel se compose du prix de la machine et du prix des bouteilles de recharge des réservoirs, les marques ont tendance à augmenter ou diminuer chacun de ces deux prix en fonction de leurs stratégies marketing, souligne Edward Bilson, directeur technique chez DataMaster, laboratoire indépendant spécialisé dans les solutions d’impression. Elles sont exposées à la fois à la contrefaçon des bouteilles d’encre et à la présence d’acteurs spécialisés dans la vente d’encre, comme Katun. »

Enfin, le télétravail est loin de constituer le seul relais de croissance pour les imprimantes avec réservoir. La technologie intéresse également les entreprises pour leurs bureaux. Epson fait aujourd’hui de cette technologie l’un de ses fers de lance pour développer le jet d’encre sur le marché de l’impression professionnelle encore dominé par le laser. Le fabricant commercialise des imprimantes équipées de poches d’encre qui permettent d’imprimer jusqu’à 50 000 pages. Cette catégorie de produits jet d’encre est aujourd’hui « ce qui tire le marché des imprimantes professionnelles », selon Thierry Bagnaschino. « La consommation électrique plus faible et la simplicité de gestion des consommables sont parmi les critères qui comptent le plus », détaille-t-il. Mais tous les acteurs n’y vont pas : HP a par exemple arrêté sa gamme jet d’encre PageWide en 2021.

1. Impression et numérisation A3

À l’image de son égérie, le sprinteur Usain Bolt, l’EcoTank Pro ET-16680 mise sur la rapidité grâce à une bonne gestion de la consommation d’énergie. Nécessitant jusqu’à 83 % d’énergie en moins par rapport aux imprimantes laser, cette multifonction à jet d’encre zéro chaleur utilise des réservoirs d’encre haute capacité (6 000 impressions couleur, 7 500 en noir et blanc). Sa vitesse d’impression s’élève ainsi à 25 ipm et numérise jusqu’à 26 documents à la minute. Un bac de chargement permet d’accueillir 50 formats A3 et deux magasins papier offrent une capacité totale de 500 feuilles. epson.fr

2. Du laser rechargeable

Unique en son genre, l’imprimante multifonction monochrome HP 1202nw, de la gamme Neverstop, se distingue par son système de toner rechargeable. Un double kit spécial permet de rétablir les niveaux d’encre laser en quelques secondes. L’autonomie s’élève à 5 000 pages en noir et blanc pour une vitesse atteignant les 21 ipm. Le bac de chargement peut quant à lui contenir 150 feuilles. Conçue sur mesure pour les travaux de numérisation et d’impression occasionnels à domicile ou au bureau, cette imprimante cible aussi les petites équipes jusqu’à 5 personnes. hp.com

3. Grande autonomie

Le dernier modèle Maxify GX5050 de Canon se concentre sur les travaux d’impression rapide en home office. La vitesse d’impression s’élève à 24 ipm (impressions par minute) en noir et 15,5 ipm en couleur, pour un total de 14 000 pages avec un jeu complet de bouteilles d’encres (jusqu’à 21 000 en mode économie). Avec un coût à la page extrêmement bas (0,03 centime contre 0,8 en moyenne) et la longévité des réserves d’encre rechargeables MegaTank, l’appareil est taillé sur mesure pour l’autonomie des utilisateurs. À noter que ce modèle ne dispose pas de la numérisation, qui est réservée aux Mafixy GX6050 et GX7050. canon.fr

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