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À l’occasion de son étude annuelle sur la transformation interne des organisations, Lecko s’est particulièrement intéressé aux dangers du tout numérique et ses effets sur la Qualité de vie au travail. L’étude, menée avec CogX, permet de quantifier ce phénomène en France.  

Depuis la démocratisation de la visioconférence et la généralisation du travail hybride, le spectre du burnout plane au-dessus des salariés hyperconnectés. Hier plutôt délimité par le temps de présence dans l’entreprise, le temps de travail s’étire aujourd’hui entre la maison et le bureau. Une situation qui apporte de la souplesse dans beaucoup d’organisations, mais qui rend aussi plus opaques les conditions réelles de l’activité des collaborateurs. Fatigue, stress, irritabilité, perte de motivation et de productivité… Les entreprises peinent parfois à identifier les risques liés à la connexion permanente.

Pour Arnaud Rayrole, fondateur de Lecko, il est important d’objectiver les rythmes de travail à partir des outils numériques utilisés et de prendre la mesure des risques qui y sont associés. Le cabinet spécialisé en transformation digitale a ainsi compilé deux années de données provenant d’entreprises de tailles et de secteurs différents, soit l’analyse de l’activité de 20 000 utilisateurs de Microsoft 365 – le chantre de la collaboration asynchrone. En France, 10 % des salariés seraient donc exposés dans la durée à des risques de fatigue cognitive accrue causés par une quantité excessive d’emails et de réunions. Si ce phénomène de sollicitation permanente est avant tout d’ordre structurel (inhérent à l’organisation du travail), il peut également provenir de comportements isolés involontaires – comme les difficultés à délimiter sa journée de travail par exemple.

Trois profils de salariés

À partir des analyses du panel, l’étude dresse trois typologie de personnes. Le profil « Zen » (15 % du panel) qui interagit uniquement durant les heures usuelles de travail. « L’intermédiaire » qui représente les trois quarts des salariés, travaille ponctuellement en dehors des heures usuelles de travail et affronte des pics d’activité.

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Enfin, « l’hyperconnecté » qui envoie au moins un mail en dehors de la plage horaire 8h-20h, 9 jours chaque mois d'une part et d'autre part participe à 15 réunions dans le trimestre en dehors des tranches d’heures 8h-12h et 14h-18h. L'hyperconnecté va réaliser en moyenne 188 heures de réunions par trimestre et envoyer des mails sur une plage moyenne de 9,2 heures.

Lutter contre la fatigue mentale

Ces indicateurs doivent ainsi alerter les entreprises sur le bien-être de ces collaborateurs hyperconnectés. «  La fatigue mentale est très difficile à détecter car elle n’est pas associée à de manifestations biologiques perceptibles, en dehors d’une altération de certaines capacités cognitives. Les capacités attentionnelles sont par exemple diminuées, rendant plus difficile la détection des informations liées à l’activité en cours, augmentant ainsi le risque d’erreurs. Notre prise de décision est également altérée après plusieurs dizaines de minutes passées sur la même activité. On a en effet tendance à prendre des décisions plus impulsives, qui favorisent un gain sur le court terme, même s’il est faible », détaille l’étude.

« Involontairement, les managers et collaborateurs hyperconnectés participent au développement d’une culture de l’urgence et du travail en débordement », étude Lecko.

Les experts en sciences cognitives de CogX pointent notamment du doigt l’absence de temps de récupération suffisant. À titre individuel, la sensibilisation puis la pratique de pauses régulières et la délimitation claire du temps de travail constitueraient ainsi la solution la plus efficace pour réduire la fatigue mentale. Pour lutter contre les phénomènes de réunionite – et les mauvais usages de la visioconférence – il semble enfin primordial d’espacer les temps de réunion et de les raccourcir.